30 janvier 2010, 0 h 04 min
Dédale est mon titre préféré tandis que je lis Icare sur les documents techniques des ateliers de fabrication. Les panneaux plus étroits que des portes suggèrent peut-être les ailes fabriquées par l’ingénieur Dédale et dont ils se sont servis lui et son fils pour échapper au minotaure.
En Europe, les portes pivotent sur leurs gonds. Il n’y a guère qu’en Asie où les portes coulissent dans les maisons; portes et murs créent alors une perception de l’espace et donc du rapport intérieur/extérieur difficilement imaginables pour nous occidentaux.
Après l’exposition Clara au centre d’art Passages de Troyes, Dédale est une autre façon de vivre une vraie aventure artistique et collective comme celle décrite par Patrick Boucheron dans Léonard et Machiavel.
La Cour du Palais Granvelle est une très belle œuvre Renaissance, me dit Emmanuel. Il me parle de cette cour en montrant un de mes premiers dessins de l’œuvre, comme si ensemble, elles faisaient déjà corps.
Restent deux questions en suspend : les matériaux et le rapport d’échelle. Corinne L. m’annonce qu’un quatuor voudrait déjà y donner une représentation à l’occasion du festival de musique, à l’automne. Quant à moi, j’ai plutôt en tête d’y faire jouer le corps d’un(e) danseur(se). Les colonnes du palais sont une partition sur laquelle les panneaux glissent et dansent à l’avenant.
Le lendemain, je vais chez Mantion porter des invitations de la Nuit de l’Utopie organisée par l’école des beaux-arts. J’essaye de créer des passerelles entre ces deux établissements où je travaille et qui sont à deux pas l’un de l’autre. Lionel me confie qu’il est allé s’acheter un précis concernant les mythologies gréco-romaines.
15 janvier 2010, 23 h 47 min
Corinne G. me conseille un autre film d’animation : Monstres et compagnie. Le scénario est vraiment drôle : des monstres complètement inhibés, très malheureux, ont perdu toutes leurs facultés et doivent réapprendre à faire peur. Leurs entraîneurs sont les enfants. Entre le monde des enfants et celui des monstres, des portes, des portes par milliers que les monstres doivent réapprendre à ouvrir pour surgir d’un coup et faire peur aux enfants. Je ne voudrais pas que Dédale fasse peur. Les panneaux ne sont pas trop hauts ni trop larges pour que l’on puisse les manipuler, les dominer.
Encore de la neige à gros flocons. Glissades garanties. Je ne dois pas perdre les pédales : ce lundi 25 janvier, en quittant l’atelier où est fabriqué le prototype, je prends conscience de l’énormité de la sculpture et Julien n’est pas là pour me rassurer : il a répété plusieurs fois « y’a du boulot » « y’a du boulot » « y’a du boulot » « y’a du boulot » « y’a du boulot ». C’est en l’accompagnant dans le premier virage, c’est-à-dire en installant avec lui les premiers morceaux de rail nécessaires à la réalisation d’un angle droit que je prends conscience de la folie de ce projet.
Parler du projet, commencer à semer des graines de réalité qui le font grandir dans ma tête en même temps que dans celles de mes interlocuteurs (mais avec mes proches de Clara, j’ai du mal à en parler, tellement c’est énorme !).
En ce qui concerne la deuxième maquette, Julien aurait bien vu le logo de Mantion gravé sur les panneaux en taille réduite.
11 janvier 2010, 10 h 24 min
Rendez-vous à la mairie pour étudier la possibilité d’implanter Dédale dans la cour du Palais Granvelle. Lionel déroule un plan très convaincant du système coulissant. Nos interlocuteurs de la sécurité à la Ville de Besançon sont sur des rails, jusqu’au prochain rendez-vous.
90 panneaux pour 90 bougies (cela m’a été soufflé par un employé de Mantion).
Séance photo. Un pied pour ne pas avoir à utiliser de flash et réglages manuels. Pas facile pour moi de viser des gens. Je choisis une vitesse d’obturation très lente; les ouvriers s’effacent presque entièrement, tandis que les outils crépitent d’étincelles et la neige en gros flocons, dehors.
J’ai déjà travaillé en partenariat avec des entreprises qui me fournissaient en matière première mais là, « c’est Noël ». Mantion fabrique tout de A à Z : je suis un gamin qui se réveille chaque matin en pensant à son cadeau qui n’en finit pas de l’étonner.
Les maquettes sont un moyen de fabriquer moi-même quelque chose et surtout de garder vivant le lien qui m’unit à l’entreprise, c’est-à-dire d’être relié en pensées avec tous ceux qui travaillent sur Dédale. Ce sont aussi des objets d’étude qui m’aident à rendre concret le projet, et à anticiper sur toutes les questions que l’entreprise va me poser, au fur et à mesure de l’avancement.
Interroger Roland au sujet de l’histoire du Palais Granvelle.