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Je continue à aller à l’usine même si je suis seul à pouvoir aider à cause de la rentrée qui arrive à grand pas. Je me sens bien à ma place parmi tous les ouvriers.
A mon arrivée, Didier toujours fidèle au poste de chef de projet, avec le même tendre sourire que je connais bien maintenant et qui me réconforte. Dans ses mains, une monture avec des galets blancs en nylon. Il m’annonce fièrement qu’il va les substituer aux autres trop bruyants parce qu’en métal. Nous poursuivons la visite des différents chantiers en cours jusqu’à ce que je lui demande, l’air de rien, qui a décidé que les nouveaux galets seraient en nylon : « C’est moi,… d’ailleurs j’ai fait validé l’idée par Lionel… » Peu convaincu de ce nouveau choix, je me laisse embarquer sur le prototype du rail en chantier pour tester les galets « miracles ». Vous me croirez si vous voulez mais l’équipe des nylon ont dû sentir que je ne les aimais pas car un mystérieux couinement s’est fait entendre dès la première glissade du panneau. Et aucun moyen d’y remédier malgré tous nos efforts ! Depuis ce jour, les « nylon » sont devenus entre Didier et moi une source supplémentaire de joyeuse complicité.
Quand je suis chez Mantion, Didier peut bénéficier d’un repas « invité » à la cantine, de l’autre côté du boulevard. L’autre jour, Denis s’est installé à notre table et nous avons parlé de l’image de l’artiste dans la tête des employés. Par ma présence, même intermittente, j’espère avoir changé quelques idées toutes faites de l’artiste dans sa bulle, peu en contact avec la réalité du terrain.