Archive for octobre 2010

vingt

Cette sculpture est une respiration, une force qui se dilate et se comprime, une forme qui se modifie au gré des mouvements des acteurs qui vont et viennent sur le plateau (mais, pour l’instant, ils sont très ordonnés et rangent parfaitement les panneaux avant de quitter la scène !).

La caméra, un moyen de me relier à la sculpture. Non pas pour espionner ou surveiller mais pour admirer, s’inspirer, prendre appui.

Un travail d’équipe aussi pour ouvrir et fermer les panneaux.

Les arches de la cour du Musée du Temps sont bien alignées : pourquoi ranger les panneaux à l’identique ? (je pensais que la mobilité des panneaux serait un moyen pour réaliser de nouvelles figures, déambulations, de nouveaux parcours, en marge du chemin tracé par le rail.

La cour du Palais Granvelle revit à travers la sculpture. Les visiteurs l’animent en s’y déplaçant. En manœuvrant les panneaux, ces derniers apportent, en cet endroit, quelque chose de leur vie, de leur joie, de leur énergie. La cour, endormie depuis l’époque où le Palais était habité, devient place et retrouve une fonction de cœur de ville.

La bête furieuse est tapie au fond de moi. Elle attend.

dix-neuf

La camera ? L’œil d’Icare qui mire Dédale depuis le ciel !
Je préfère le mot manœuvrer au mot manipuler et quand il faut ouvrir tous les panneaux, ce sont de « grandes manœuvres ». Ouvrir. Déplier. Déployer. Eclater. Desserrer. Ranger. Fermer. Plier. Ordonner.
Compliquer. Simplifier.

L’attente. Comme dans mes vidéos, cette sculpture crée une situation d’attente ou de disponibilité: « et maintenant que peut-il arriver, et avant, quels sont les évènements qui ont conduit à une telle modification ? »

Tout-à-coup, c’est-à-dire sans prévenir, en silence, comme dans les débuts du cinéma, un enfant arrive dans le champ comme un papillon se pose sur une fleur. De l’autre côté du miroir, j’observe patiemment oui, mais dans l’attente de quoi ? plongé dans les profondeurs de quelles pensées ?

Une forte dimension d’attente et d’appel à manœuvrer tout-à-la-fois.

Dédale échappe, glisse comme sable dans la main du géant qui voudrait l’attraper : un jour un visage, le lendemain une toute autre allure : sa vraie nature est d’être changeante, de fuir toute représentation figée, d’éviter toute image bloquée dans la tête du spectateur.

dix-huit

Parmi les nouvelles que me font le plus plaisir après l’euphorie du vernissage il y a l’aveu de Didier qui se sent plus en confiance grâce ce projet réalisé avec brio. Et s’il prenait un nouveau départ chez Mantion ?

A tout seigneur, tout honneur; Didier, toujours lui, a eu l’idée géniale de la web-caméra. Elle a retransmis en direct, sur le net, le beau vernissage de samedi dernier.

Pieter Brueghel toujours où l’on voit des fêtes populaires et toutes sortes de gens qui s’affairent chacun de son côté mais dans une même toile, un même jour, une même fête et quelqu’autre qui les regarde, depuis le ciel.

Il y a une joie communicative à manœuvrer tous ces panneaux. Il suffit que quelqu’un lance le mouvement et tout le monde s’y met en long en large et en travers dans une belle anarchie inimaginable lorsque l’on voit la sculpture au repos.

Dimanche après avoir raccompagné Colette au train je n’ai pas pu m’empêcher de retourner au Palais Granvelle. 10 heures du matin, alors que j’ouvrais les panneaux mon téléphone sonne. Denis était déjà branché depuis le ciel et moi aux anges !